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L'Antre du Maître Groumph
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22 mars 2009

Le lac gelé (V: 1.1)

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                                Tel un morceau de ciel flottant sur la neige, le lac gelé brillait de mille éclats lumineux. Je venais tous les jours de l'hiver profiter de ce magnifique spectacle. Je restais assis à l'observer longuement dans ce silence étouffé que produit la neige. J'étais fasciné par les enfants et adultes qui dansaient à sa surface. En patinant, ils avait l'air libres, légers effectuant avec grâce des cercles, se croisant dans une chorégraphie certes compliquée mais finalement improvisée. Le vent me portait parfois leurs éclats de rire, leur cris. Je les trouvais beaux, heureux, et je n'osais les rejoindre de peur de paraitre ridicule ou de troubler ce magnifique ballet. Le temps passa un mois, peut être deux, je restait là à les observer. Je laissai alors mon esprit partir. Je rêvais éveillé cherchant ainsi à connaitre ces émotions que je désirais ressentir à mon tour et dont l'absence me torturait.
                              Et puis un jour quand le soleil bien haut commençait à réchauffer l'air ainsi que mes ardeurs, que les gens du village étaient occupés à d'autres activités, je pris ma paire de patins. Je m'approchai du rivage le cœur tambourinant dans ma poitrine. J'enfilai mes patins et commençai alors a m'élancer, mais perdant rapidement l'équilibre je tombai lourdement sur la glace. Je me relevai l'âme meurtrie par cet échec cinglant. Je tentais une seconde fois de m'élancer mais quelques mètres plus loin, à nouveau je m'écroulais. Chaque chute m'assenait une nouvelle blessure dont mon corps portait chaque stigmate. Je me haïssais pour mon incapacité à faire ce que les autres faisaient  si naturellement, ressentant plus que jamais mes tristes limites.   
                              Quand enfin j'en compris le principe, je commençais alors à mon tour à glisser sur sa surface. Je dansais dans un état de grâce sentant la chaleur du soleil , les joues piquées de rouge par le vent frais. Je me sentais enfin libre, léger, vivant comme jamais . Je volais sur la glace, me rapprochant du centre. Emporté dans mon euphorie, je n'entendis pas les craquements que la glace faisait à mon passage. Ébloui par le reflet du soleil sur la glace, je me sentis tomber, avaler par la glace qui avait perdu son unicité pour devenir une mosaïque de plaques. Je sentis l'eau glacée qui m'enveloppait maintenant. Je ne sentait plus la chaleur du soleil, il n'y avait plus que ce froid mordant qui m'envahissait et m'engourdissait.
                    Finalement la sensation du froid disparue : les ténèbres m'accueillaient.      

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